Marine, c’est quoi être hypersensible ?
Là, je t’écoute parler et je n’écoute pas que tes mots. J’écoute l’intonation, l’inflexion de ta voix.
J’analyse l’intégralité du mot que tu viens d’utiliser.
Les expressions de ton visage, jusqu’aux mouvements de ton corps.
J’écoute tes silences, assassins.
J’écoute ce que tu dis et tout ce que tu ne dis pas ou n’oses pas dire.
Je comprends tout, TOUT, avant que cela n’arrive, je le perçois de loin, je le ressens au plus profond de ma chair, de mon cœur, de mon esprit. Intuition.
Je capte ton énergie pour parvenir à aligner la mienne, puis je perçois tes émotions jusqu’à totalement les absorber.
Je ferai n’importe quoi pour t’aider.
Car si ça te touche, moi, tu vois, ça me dévaste.
Si tu souffres, j’agonise.
Si tu pleures, je meurs.
Si tu ris, je pleure, et cela, de joie.
La moindre chose peut devenir agression.
Le mot de trop, le bruit répétitif, la luminosité avec intensité.
Non, je ne suis pas susceptible. Non.
Je suis juste comme ça : moi.
Hyper joyeuse, hyper amoureuse,
hyper active, hyper anxieuse, hyper enjouée, hyper rêveuse.
Mais aussi et surtout hyper son contraire.
Des montagnes russes, le volcan, l’océan, j’ai l’impression qu’une vie entière n’est pas assez. J’en veux cent jusqu’à mes cent-cinq ans. Intensément.
Mais en même temps, je me sens tellement submergée au sein d’une seule journée.
Je veux tout faire, devenir, faire le tour du monde en sac à dos et attendre la mort, assise là, face aux étoiles, à la montagne, au ravin. Prends ma main.
Parce qu’à quoi bon si tout s’arrête au final ? Je ne veux plus voir personne et à la fois ne plus jamais être seule. SEULE.
Je te fais fuir et moi, je souffre de te voir partir.
Le silence me paralyse, ton silence me rappelle combien nous sommes différents.
Oui, c’est fatiguant d’être hyper.
Ou plutôt, c’est hyper fatiguant d’être dans un monde si divergeant.
À tous les hyper S, aux décalés. Love.
Émotionnelle, sensorielle, emphatique, existentielle.
Beau, sensible, intense et viscéral.
Ressentir avant les mots, capter les non-dits et les fractures invisibles chez l’autre. Absorber les émotions comme une éponge vivante, jusqu’à ne plus savoir où commence l’autre et où on s’arrête soi-même.
Être traversé, percuté de plein fouet par des hauts vertigineux et des plongées intérieures profondes, sans transition. Être à la fois assoiffé de lien et effrayé par l’intensité des relations. C’est vivre chaque chose en grand format : les sons, les lumières, les gestes, les silences, les ruptures, les élans d’amour. Et surtout : c’est souvent être incompris dans un monde qui valorise le contrôle, la distance, la retenue.
Vous n’êtes pas seuls, les seuls.
La vie est belle, notre monde est beau.
Marine
