Les plaques se sont déplacées dans des grondements sourds.
Rien n’est resté en place.
En trois ans, j’ai pris une nouvelle forme,
semblable à celle d’avant, mais aujourd’hui marquée de ta présence.
Tu avais commencé ton voyage à la surface, je ne t’ai pas oublié.
Un voyage qui a fait brûler des montagnes, des champs, mais aussi revivre les fleurs et les continents.
Je te laissais me découvrir, t’observant de loin pour voir ce que tu osais faire,
prête à te tuer si tu allais trop loin.
Tu n’avais pas encore accès à tout, car tu n’étais qu’à la surface.
Je ne sais plus exactement quels endroits je te montrais, ceux que je trouvais les plus beaux, j’imagine.
Ceux qui présentaient bien.
Le reste, je le gardais encore caché, hors de ta vue.
Tu as tenté de dépasser les bornes, alors j’ai fait tomber le tonnerre sur ton cœur pour te calmer.
Ça t’a fait peur, je l’ai vu et bien compris dans tes yeux. Alors, je me suis tue pour ne pas te voir fuir.
Peur de ce que je pourrais te faire et peur du mal que tu avais fait.
J’ai remarqué que tu voyais mieux les dégâts que tu faisais sous la lumière d’un éclair de montagne que sous les rayons d’un soleil couchant.
Quand tu as compris que tu pourrais te faire expulser, tu t’es déplacé avec plus de douceur. Tu l’as toujours été : doux.
Tu t’es mis à caresser les zones fragiles,
à éviter les zones de tempête.
Tu as même pris en main ce que je trouvais laid pour le faire éclore.
En des endroits que j’avais désertés, je suis devenue un jardin d’Eden, peut-être le tien.
Secrètement, quand je t’ai enfin jugé digne de m’aimer, j’ai fait craquer la glace.
J’avais déjà essayé quelques fois avec d’autres, mais la glace s’était refermée sur eux. Toi, tu t’y es engouffré avec ou sans crainte et sur ton passage, tout craquait dans un bruit éclatant.
C’est ma partie préférée de ton voyage. Lorsque le paysage devient notre et que tout se ressent sans devoir se dire.
Aujourd’hui, tu résides dans mon noyau,
tu es la lave qui me tient chaud, tu coules dans mes veines de ma profondeur jusqu’à la surface.
Tu as accès à tout et tu veilles sur moi calmement, sur nous.
Parfois, tu remontes encore quand je n’ai rien demandé,
dans des endroits que j’ai oubliés,
juste pour rappeler à ceux qui voudraient me visiter qu’ils n’ont pas leur place.
Il s’agit de ton voyage, où l’apesanteur pourrait porter ton prénom, tel le nom que l’on pourrait donner à un cocon, celui construit en ta présence.
Marine
