« J’ai mis un mois et demi à écrire ces pensées par frousse profonde de confondre le rêve, le réel et ma réalité. Comme si dissocier le beau et le faux était devenu une profonde crainte par peur de croire que l’on ne puisse finalement mériter un peu de vrai. »

Lundi, 16 juin 2025

Valentin nous a déposé au bord de la maison, il l’a fait comme à l’aller, nous chercher.

Trois jours où le temps s’est arrêté, trois jours où la vie nous a souri, loin du tumulte du quotidien et de son infâme parfum, à la course épuisante, à la liberté de pouvoir quelques instants s’évader.

S’évader, partir, s’enfuir pour vivre l’essentiel, le beau, le vrai, ce que certains tendent à dissimuler comme à oublier sous une épaisse couverture de faux à travers le grand luxe du paraitre en surface, bien loin de l’essentiel : le cœur.

Vermeil à l’arrière, nous étions prêts pour son premier voyage Annecien. L’aventure pour un tout petit de six kilos trois cent assis d’un air intrigué et à la fois d’un regard confiant face à sa mère adoptive – moi.

Admirative de cette boule de poils, l’animal fut directement captivé par l’homme, en sa plus grande reconnaissance. Jovial, confiant, il apprenait à partir loin avec quelqu’un d’autre, loin de tous ses repères et de ce que j’avais finalement toujours tenté de protéger, son cœur comme le mien.

Un brin malicieux, Vermeil a vite compris que ce séjour était le sien, le nôtre. Sage comme une image, le trajet y ressemblait à une presque paix, à une forme de liberté, celle d’être soi en étant si bien accompagné.

Il est difficile de décrire l’autre lorsque vous ne savez pas forcément ce qu’il se passe au sein de votre poitrine, de votre esprit et de l’espace dans lequel on se place le temps d’un bonheur fugace. Mais qu’importe, je sais combien il était sincère et combien le souvenir de ces jours m’a ouvert les yeux sur ce qui avait longtemps été oublié : la simplicité du bonheur.

Rien ni personne n’est parfait, cependant, je ne peux nier qu’il a fait les choses à la perfection. Attentionné auprès de l’un et de l’autre, c’était un peu comme si tout était normal et depuis toujours, notamment en cette période de grand chamboulement, dans cette vie à cent à l’heure, où l’on en oublierait la raison. La sienne, la mienne. Car personne n’est épargné par le quotidien. Lui, vous fait oublier. Il vous arrête le temps, il vous facilite la vie où tout devient simple à travers la plus grande fluidité, à travers le souffle d’un simple baiser.

Je dois dire qu’il est bien. Très bien. C’est quelqu’un de bien. Et « bien » ne veut pas dire « juste bien ». Il est bien pour moi. Pour nous. Je le sais. Et il n’y a rien à rajouter. Car tout est là, dans le fond de la pensée. Et c’est suffisant.

C’est quelqu’un qui vous apporte par sa simple présence le rire, la liberté, la vitalité et cette tendresse qui ne demande rien, mais qui donne tout. Il donne beaucoup, il fait plaisir, il est comme ça, il donne sans attendre, c’est ce qui m’interpelle, car en mon sens, je n’attends que de donner.

Vous savez, c’est un peu se dire : je n’avais pas vu les choses, ou tout simplement, je n’avais pas compris les choses avant. Stupide ? Je ne pense pas. Idiote ? Non plus ? Peureuse ? Probablement.

C’est à la fois beau comme embarrassant que vous ne saviez plus si vous êtes paré de folie de vouloir croire en ce qui vous anime ou si vous planez dans votre monde tant idéalisé. Car finalement, ma réalité n’est peut-être pas celle de l’autre… Telle est la question fatidique.

Mais tout ce que je peux retenir, c’est que j’étais bien à ses côtés et Vermeil aussi, alors plus rien d’autre ne pouvait compter. Ni le quotidien, ni les tracas, ni la pression, les questions, rien. L’apesanteur, le temps d’un bonheur.

Annecy était la destination du Paradis, comme si lui-même avait compris, ou peut-être, que les âmes sont des miroirs, qu’elles se reconnaissent et qu’elles s’éveillent aux possibilités, aux champs des compréhensions mutuelles. En clair, nous étions au bon endroit, entre personnes sincères, non sous l’attirance de la chimie, mais de l’ouverture d’esprit et de la forme sincère de grandes compatibilités.

Nous parlions beaucoup, je parle énormément, je crois que c’est quelque chose qui me rassure profondément, notamment en la matière. Il arrive un temps où rêver n’est plus suffisant. Vous avez besoin de réponses, de profondeur, vous avez besoin de formes et de matières, vous avez besoin du réel au sein de votre propre rêve.

Communiquer, échanger, comprendre loin du jugement. Lui et son regard de braise, moi à la déglutition d’une sotte en parfait état d’alerte sur la compréhension que tout m’échappait et que je ne pouvais plus fuir à tout ce qu’il se passait : le vrai qui me mettait hors de contrôle, mais surtout qui me sauvait de la peur du vide une fois avoir posé le pied au sol après notre trajet.

À peine arrivés, je crois que le chien, comme l’un comme l’autre, avons pu profiter de l’instant accordé au bord du lac, sans trop se dire, le pont prénommé amour, car on ne peut s’accorder ces choses-là en un si court laps de temps.

Cependant, le pont des amours était, probablement, le terme parfait d’un récit qui pourrait mener à le traverser vers le plus grand des vertiges : celui de la montagne, celui de ressentir la présence douce, calme et protectrice des cœurs, des corps et des esprits.

C’était bien, c’était plus que bien, peu importe le temps, nous étions nous, comme si tout était à sa place. La vie à trois, le temps d’un week-end, qui fut comme une parenthèse d’éternité.

Souvent, je me questionne sur ma vision des choses, comme si je vivais au sein de mon idéalisation, ou si tout ce que je vis m’est réellement accordé… Certes, je le mérite, mais combien rare, combien beau et surtout, surtout… combien cela me semble fragile. Comme si le bonheur m’arrivait en filigrane, avec cette peur discrète, que l’instant ne m’appartienne pas tout à fait.

J’ai alors arrêté de penser, posée à ses côtés, et pour la première fois, je me suis permise d’être simplement là, sans me projeter, sans douter, simplement ressentir le meilleur. Qu’importe si la montagne me procurait le vertige, je sais au moins pour quoi je l’ai eu.

Vermeil est devenu grand en trois jours, dans son environnement, les fleurs, le soleil, la roche, la pierre.  Une montée qui fut tout à fait à sa portée. Quant à moi, la descente, moins, ne pas parvenir à descendre du nuage une fois que nous l’avons côtoyé, reste toujours une phase des plus délicates, mais lorsque l’autre vous tend la main, alors vous osez traverser les chemins tout en vous rappelant que l’on peut revenir à soi, sans renoncer à l’éclat de ce qui a été vécu.

Ma peau, quant à elle, a été marquée par la chaleur du voyage, comme s’il fallait y tatouer le souvenir que tout recommencera, même si l’attente est parfois longue, presque insupportable de savoir sans percevoir finalement. Lorsque les âmes se frôlent, elles savent déjà qu’elles devront se dire « à bientôt » — encore. Mais moi, je crois que je préfèrerai les voir s’enlacer sans pudeur.
Sans devoir se demander : « Et maintenant, à quand ? »

Je pense être assez forte, inébranlable, incandescente en tout, sauf en termes de relations, de sentiments, de toutes ces choses justement non maitrisables. J’ai peur, peur que l’on me laisse partir, même si je souhaite rester. Rester, car la chaleur de sa présence apaise ce que je n’arrive même pas à nommer.

C’est un fait, nos nuits furent d’or, saturées d’ivresse et de parfums. Les peaux, quant à elles, furent embaumées sous les silences de nos étreintes, comme un poème aux rythmes lents et profonds des allers-retours d’alexandrins.

La poésie aurait pu prendre tout son sens, car la seule chose qui s’exprimait, c’était l’âme. À travers la quiétude, à travers ce calme vibrant qu’on pouvait ressentir dans ma simple manière d’être, bien loin de la perte des sens sous anxiété de ce quotidien parfois un peu trop utilisé pour faire sans prendre l’instant comme une valeur innée.

Ce n’est pas le lieu qui a rendu ce séjour unique, ce sont les personnes. J’aurais pu manger n’importe quoi, dormir n’importe où, tant que j’étais avec eux au sein de ma propre maison : mon cœur.

Non, ce n’est pas le lieu qui a rendu ce séjour unique, mais leur présence. En leur chaleur, au sein des regards partagés et des rires criblés de vérités, les instants se sont transformés en souvenirs précieux, des souvenirs qui méritent d’être écrits, pour vous dire à quel point il a été bon de goûter la saveur de la vie, où Annecy portait le nom de la plus grande des quiétudes de tous les moments suspendus.

Le retour fut le retour, beau, calme et à la fois anxieux, le retour à une réalité, le besoin de se dire que tout ira bien, car les rêves sont parfois des rêves, et que lui je l’ai rêvé pour être certaine de ne plus confondre l’éventualité avec l’envie profonde de partager bien plus d’un voyage au sein de ce qui nous est accordé.

Il y avait le chien, fidèle à lui-même, à son amour véritable pour son maître, puis, il y a eu l’homme, qui m’a donné l’envie d’ajouter le réel au sein d’une vie en poésie, bien trop imagée, par peur profonde de donner ce que l’on a de plus précieux à donner.

Aussi beau qu’effrayant, aussi doux qu’impitoyable, le sort d’une attente du prochain départ vers une destination inconnue, celle de son propre voyage pouvant devenir notre une fois que le réel prend le pas sur tout ce que vous avez cru un jour apercevoir sans avoir trop osé y toucher.

« Les âmes sont parfois loin, mais les souvenirs, précieux.
S’il te plaît… pourvu que l’on se retrouve demain. Qu’importe si le vertige me rattrape encore une fois, tant qu’y sera ta main. »

Je vous souhaite un très bel été. J’ai vécu mon printemps qui m’aura permis d’éveiller non seulement mes sens, mais surtout le cœur de la fleur.

Marine

Chaque chemin finit par se croiser, au moment juste ;
celui que le destin choisit pour eux.

Marine Sind


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